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  • arth1996

Le danger des boissons énergisantes

Dernière mise à jour : 8 mai 2023

Dans cet article, nous allons essayer de comprendre pourquoi les boissons énergisantes suscitent des craintes au niveau des instances de santé gouvernementales et non gouvernementales. Dans un premier temps, après avoir introduit ces boissons, nous allons adopter une approche réductionniste de la nutrition en nous attardant sur la composition de ses boissons. Puis nous allons prendre du recul en abordant ces boissons de manière globale.





Qu’est-ce qu’une boisson énergisante

Il est intéressant de constater que le terme de « boisson énergisante » est un terme marketing qui n’a pas de définition sur le plan réglementaire. L’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) la définit comme :"des boissons qui se présentent comme possédant des propriétés stimulantes tant au niveau physique qu’intellectuel. Ces produits contiennent des ingrédients tels que la caféine, des acides aminés (taurine), du sucre, des vitamines et des extraits de plantes (ginseng, guarana)."


Il ne faut, cependant pas les confondre avec les « boissons énergétiques » : qui sont des boissons spécifiquement formulées pour répondre aux besoins nutritionnels des sportifs dans le cadre d'une activité sportive intense. Également appelé boisson de l’effort.


La composition de ces boissons :

1.La caféine :

La caféine est une molécule naturellement présente dans plus de 60 plantes dont les graines de café, les feuilles de thé, le kola, la guarana. .

Fun fact : la caféine, la théine et la guaranine sont en fait la même molécule qui ont été découvertes à des moments différents par des personnes différentes et dans des plantes différentes. Par abus de l’engage et pour des raisons marketing, ces différents termes sont encore utilisés.



La caféine est couramment consommée par la population par le biais du café ou du thé (parfois de maté )et elle rentre dans la composition dans les boissons énergisantes.

À titre indicatif, une tasse de café de 150 ml équivaut en moyenne à 85 mg de caféine, un thé de 150 ml à 32 mg et une canette de 250 ml à 80 mg et un verre de cola à 8-10mg. Les boissons énergisantes ne sont donc pas les boissons les plus chargées en caféine.


Ses Propriétés ?

La caféine touche la plupart des systèmes de l’organisme :


De par ses propriétés, la caféine est souvent considérée comme une substance ergogénique. Bien que les effets secondaires liées à la prise de caféine (trouble digestif, effet laxatif et diurétique avec fuite de calcium ainsi qu’une légère sécheresse de la bouche) diminuent considérablement à notre sens l’intérêt d’utiliser la caféine dans le but d’augmenter ses performances physiques.


Ces effets fluctuent très fortement selon les individus (génétique : métaboliseurs lents, fréquence de consommation, accoutumance)




Le surdosage en caféine :


La caféine est toxique pour l’organisme à haute dose surtout chez les métaboliseurs lents et peut conduire à

  • Troubles intestinaux avec diarrhée

  • Une augmentation de la fréquence des urines

  • Une transpiration excessive

  • Une anxiété et de l’irritabilité

  • Des troubles du sommeil

  • Des palpitations cardiaques, des arythmies avec parfois arrêt cardiaque

  • Des convulsions

  • Le coma et la mort


Il convient donc de définir des doses à ne pas dépasser!

Les premières recommandations en la matière date de 2003. Cette année-là, le ministre du Canada entouré d’expert ont réalisé une revue de la littérature sur les propriétés de la caféine sur l’organisme et ont proposé une dose à ne pas dépasser de 400mg/J de caféine pour éviter les effets secondaires de la caféine.


Plus tard, en 2010, l’agence de sécurité alimentaire néozélandaise, a annoncé que selon leurs données, on observe déjà une anxiété accrue chez les adultes au-delà de 210mg/j et l’apparition du trouble du sommeil dès 100mg de caféine.

Encore aujourd’hui, la plupart des instances se base sur la dose de 400mg/j. Cependant, pour rendre cela plus précis, l’EFSA a défini une dose selon le poids de corps des individus : Il est déconseillé de dépasser les doses de 5.7mg/kg/J pour l’adulte et pour les enfants de 2.5 mg/kg/j


Recommandation l’ANSES sur la caféine :

Il faut modérer la consommation de caféine, particulièrement pour les enfants, les femmes enceintes, et les personnes sensibles à ses effets ou présentant certaines pathologies (atteintes hépatiques, rénales, neurologiques,...)


2. La taurine

La taurine est une molécule qui a eu un regain d’intérêt au cours de ces 20 dernières années.

Pour l’anecdote, a taurine a été découvert dans la bile de taureau en 1827 d’où son nom taurin.

La taurine est un dérivé acide aminé soufré (contenant une molécule de souffre) semi- essentiel (c’est-à-dire que le corps sait le produire par lui-même) qui a été découverte au 19ème siècle dans la bile de Taureau (d’où son nom taurine). Contrairement aux autres acides aminés elle n’entre pas dans la composition des protéines mais elle est retrouvée principalement dans l’organisme dans le cerveau et les autres muscles dont le cœur. La taurine rentre aussi dans la composition des sels biliaires et est présent dans le lait maternel (d’où son ajout dans les formules pour nourrisson).


Chez l’adulte, Elle est synthétisée dans le foie, à partir de la cystéine (un autre acide aminé) et est apportée en petite quantité par l’alimentation (par les produits d’origine animale).

De nombreux effets potentiels ont été relevés mais souvent avec des preuves limitées :

  • Stimulant/ ergogénique

  • Anti-oxydant

  • Anti-inflammatoire

  • Force de contraction des muscles dont le cœur

  • Elle interviendrait dans le métabolisme des glucides et des lipides.


Ce qui est en tout cas rassurant c’est qu’en dessous de 3g/j aucun effet négatif ne serait à déplorer ce qui est en dessous des 1g présent dans une canette de 250mg.


3.Le taux de sucres :


La quantité de sucres dans ces boissons est plutôt équivalente aux sodas classiques MAIS cela reste beaucoup trop important.



En effet, selon le Conseil Supérieur de la Santé (CSS): Il faut remplir son besoin énergétique avec un apport de minimum 55% de glucides et avec un maximum de 10% apporté par des sucres.

Prenons un exemple : pour un besoin de 2000 kcal :


55% de 2000 =1100 kcal

10% de 1100 =110kcal

1g de glucide = 4kcal donc 110kcal/4 = 27,5g


Avec un besoin de 2000kcal on peut consommer maximum 27,5g de sucres dans sa journée alors qu’une seule canette de 250ml boissons énergétique apporte déjà 27,5g de sucres.

De plus, il y a un lien entre la consommation de boissons sucrés et le surpoids/obésité chez les enfants et adolescents sans parler des problèmes dentaires…

Enfin, ce qui est plus préoccupant c’est que le sucre active le système de récompenses du cerveau comme d’autres drogues dont la cocaïne. Activer ce système de récompense à court terme aussi régulièrement peut avoir un impact majeur sur le cerveau.


4.Les vitamines :


Ces boissons contiennent des vitamines du groupe B dont la vitamine B3 et B5, B6 et B12.

Ces vitamines interviennent notamment dans le métabolisme énergétique et pour d’autres fonctions. Jusque-là, rien de bien particulier.


Cependant, ce que peu de personnes savent, c’est que comme toute molécule, celles-ci peuvent être toxique en cas de surdosage !


Une très haute consommation en vitamine B3 provoque des dommages au foie, une hypotension et une sensation de brulure/démangeons de la peau.

La vitamine B6 : peut-être neurotoxique avec une atteinte des nerfs périphériques.

5.Les additifs :


Concernant les additifs, les boissons énergisantes contiennent

  • Des colorants : caramel, riboflavine

  • Correcteurs d'acidité (carbonates de sodium, carbonate de magnésium)

  • Acidifiant : acide citrique

  • Arômes : non précisés

Le sujet des additifs est toujours actuellement très controversé et beaucoup d’études sont en cours sur ce sujet.

Dans tous les cas, nous ne sommes pas en mesure de savoir l’effet de ce « cocktail d’additifs » sur la santé et il semble plus sûr de les éviter au maximum.

Vue d’ensemble :


Au premier abord, nous pourrions nous dire que ce n’est pas si préjudiciable pour la santé de consommer ce type de boisson car leur consommation de manière sporadique ne semble pas avoir d’impact néfaste marqué à court terme.


Après tout il n’y a pas plus de caféine que dans le café, le taux de sucres et les additifs sont plus ou moins équivalent aux autres sodas, la taurine ne semble pas toxique et les risques de surdosages en vitamines du groupe B semble peu probable (pas impossible).


Pourtant, il y a un mais ! Sinon les agences de santé publique ne serait pas aussi inquiet !

Tout d’abord, ces boissons rentrent dans la catégorie des aliments ultra-transformés qui sont néfastes pour notre santé mais également pour notre environnement.


NSH: N'hésitez pas à lire ou écouter notre interview du Dr. Fardet au sujet des aliments ultra-transformés.


Pour rappel, l’augmentation de la consommation d’aliments ultra-transformés dont les boissons sucrées est associée aux maladies d’industrialisation : Augmentation du surpoids, de l’obésité et du diabète de type II également chez les adolescents. Cancer, dépression, maladie chronique des intestins etc.


Pour comprendre leur inquiétude, il faut parler de la population ciblée par ces boissons énergisantes et leur mode de consommation.


Prospect et mode de consommation :

Le prospect ciblé sont les adolescents-jeunes adultes (sportifs ou non).

Ces boissons sont souvent consommées :


1. Lors de festivités : bars, boite de nuits et parfois mélanger avec de l’alcool.


L’association avec l’alcool et évidemment préoccupante car l’effet stimulant de ses boissons associés à l’effet de désinhibition provoqué par l’alcool peut engendrer des comportements à risques qui peuvent mettre en danger sa santé et celle des autres. La caféine dissimule la sensation d’ivresse et l’alcool peut favoriser les effets secondaires des boissons énergisantes.


Pour rappel, l’alcool est associé avec


  • Une augmentation du risque de cancer

  • Une augmentation du poids peut survenir dans les cas de prise d’alcool modéré

  • Une dénutrition avec carences en vitamines du groupe B pour les alcooliques sévères.

  • Des atteintes hépatiques pouvant aller de la cirrhose jusqu’au cancer du foie

  • Des pancréatites (inflammation du pancréas)

  • Risque de dépendance.

  • Risque de déshydratation.

  • Atteintes neurologiques (peu importe la dose).





2. En lien avec une activité sportives dans le but d’augmenter leur performance.


Ces boissons ne sont évidemment pas adaptées pour être utiliser chez le sportif comme en témoigne la Société française de nutrition du sport (SFNS).


Ce qui inquiète les institutions de santé publiques c’est la multiplication des sources d’aliments et boissons contenant de la caféine notamment avec l’arrivé sur le marché de compléments alimentaires, chew-gum caféiné, boissons énergisantes, médicaments (anti-douleur) et certains cosmétiques. Nous sommes donc beaucoup plus a même de consommé des doses élevé en caféine ! Ajouter à cela que les jeunes sont la cible de ces marques et qu’ils ont un risque plus élevé de surdosage (et sans prendre en compte le fait qu’ils existent des métaboliseurs lents) !


Dans ce cadre-là, l’Agence de sécurité alimentaire française (ANSES) a lancé en 2009 le programme de nutri-vigilance qui consiste à surveiller la sécurité de produits tels que les compléments alimentaires, les aliments et boissons enrichies en substances afin de remplir des effets physiologiques, les aliments destinés à une population cibles ou encore des nouveaux ingrédients et aliments.


Effets indésirables des boissons énergisantes :

Ses effets indésirables potentiellement mortelle (en aigue) sont en partie dû à la teneur en caféine :


1. Cardiovasculaires : Sensations d’oppression ou de douleurs thoraciques, tachycardie, hypertension, troubles du rythme allant jusqu’à l’arrêt cardiaque...),

2. Psycho-comportementaux et neurologiques : irritabilité, nervosité, anxiété, voire crises de panique, hallucinations, épilepsie)

Recommandation de l’ANSES sur les boissons énergisantes :

  • D’éviter la consommation de boissons dites énergisantes en association avec l'alcool ou lors d'un exercice physique ;

  • D’être particulièrement vigilant vis-à-vis des apports en caféine, notamment via les boissons dites énergisantes, pour certains consommateurs, en particulier : les femmes enceintes et allaitantes, les enfants et adolescents, les personnes sensibles aux effets de la caféine ou présentant certaines pathologies notamment certains troubles cardio-vasculaires, psychiatriques et neurologiques, insuffisance rénale, maladies hépatiques sévères ;

  • et d’une façon générale, pour l’ensemble des consommateurs, de modérer la consommation de boissons caféinées.

Notre Message:

Avec la multiplication des sources de caféine dans notre quotidien, il faut être extrêmement vigilent avec ces boissons.


De plus, nous ne connaissons pas les risques d’une exposition chronique à ces breuvages (on peut étudier la toxicologie des molécules séparément sur du court terme mais pas une exposition chronique à ces boissons).


Il faut être également dotant plus vigilent puisque les jeunes sont ciblés par ces entreprises et leur mode de consommation ainsi que leur tempérament peut entrainer des accidents (surdosage plus facile en caféine, mélange avec de l’alcool, prise avant un effort)


Nous ne pouvons donc que déconseiller la prise de ces boissons ultra-transformé du moins de manière régulière.


Enfin, il est préférable de consommer avec modération du café et/ou du thé -qui contiennent d’autres molécules que la caféine comme les polyphénols (effet anti-oxydant) – car celles-ci ont prouvés à mainte reprise des effets bénéfiques pour la santé notamment avec :

Le diabète de type II, les maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer et de Parkinson.


NSH : N'hésitez pas à parcourir nos autres articles ou interviews.


Bibliographie:


Définition des boissons énergisantes par l'EFSA.

Rapport de l'ANSES sur les boissons énergisantes.

Travail de fin d'étude de Marie Clerbois sur le café

Notre article sur les aliments ultra-transformés

L Paglia, 2019.The sweet danger of added sugars.Eur J Paediatr Dent.10.23804/ejpd.2019.20.02.01

Catherine Geissler and Hilary Powers. Human Nutrition. 13th ed.; 2017.




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